Un texte de Fabienne Doyen
Ce que je n’oublierai pas de cet anniversaire confiné….
Le couple de voisins qui habitent le balcon en face de ma chambre. Ils sont charmants, je le pense depuis longtemps. Un francophone amoureux d’un néerlandophone – juste comme ici, si on s’en fout des genres. Leur façon de me chanter un "happy birthday" improvisé et tonitruant, debout sur la terrasse au soleil cinglant de ce midi d’avril. Sans façon, sans chichi, juste l’élan du cœur et la drôle d’intimité qui s’est créée entre nous d’une fenêtre à l’autre.
Les yeux mouillés de mon Papa venu déposer un bouquet de fleurs dans le jardin, respectant cette distance sociale que nous n’avions jamais connu dans notre relation père-fille. Son sourire embarrassé et pressé sous son casque de cycliste assidu. L’idée que Maman ait fait la file ce matin pour trouver ce bouquet, comme une parenthèse chaleureuse dans ces images qui éveillent des mémoires intemporelles de guerre et de disette.
Le regard de mon amoureux, traduit du mieux que possible par Skype. Ses mots hésitants – cherchant à être drôles - et toute cette technologie qui se révèle être notre seul lien visuel et auditif depuis des jours et de soirs… et pour des jours et des nuits encore.
La surprise, sincère et émouvante, de voir les "djeuns" arrêtés devant la maison, avec un "happy birthday to you" hurlant dans les baffles de la voiture.
Les arbres qui bourgeonnent dans le jardin, les oiseaux qui chantent et se chamaillent au gré de leurs parades amoureuses, le Soleil qui brille, la Lune pleine qui scintille…
Je suis vivante.
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